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Si beaucoup d’hommes apprécient que leur conjointe porte de temps à autre une tenue sexy dans l’intimité du couple, Romain voue un véritable culte au fétichisme : il se définit lui-même comme un fétichiste de l’uniforme. Il est en effet strictement impossible pour lui de faire l’amour nu et sa compagne doit nécessairement porter la tenue qu’il a choisie pour elle si elle veut avoir une relation sexuelle avec lui. Voici les meilleurs moments de notre rencontre avec un fétichiste de l’uniforme.

Fétichisme : « Mon aversion pour la nudité »

Salut Romain ! Qu’est-ce que le fétichisme d’après toi ?

Ne passons pas par quatre chemins : le fétichisme est clairement une déviance, je dirais même une obsession, en ce qui me concerne. Quand je parle de déviance, il faut comprendre par rapport à la norme. Il n’est pas question de porter un jugement mais il est évident que le fétichisme n’est pas la norme. Il n’y a rien d’outrageux à affirmer une telle vérité. C’est ainsi et pas autrement.

Quel est ton fétichisme ?

Je suis ce qu’on appelle un fétichiste de l’uniforme. C’est-à-dire que je suis sexuellement excité par certaines tenues. Pour certains, c’est le latex, le cuir ou la fourrure, pour moi, c’est assez changeant, même si certaines sources d’excitation demeurent les mêmes. Pour tout vous dire, c’est dans les rapports de domination et dans la transgression que je puise mon désir. Il vaut mieux que je ne me fasse pas arrêter par une policière en service ou que je ne croise pas trop souvent de religieuses en tenue de prêche, si vous voyez ce que je veux dire… Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : n’allez pas croire que je ne parviens pas à me contrôler en société. L’art du fétichiste est de savoir dissimuler ses penchants en société pour paraître normal comme tout le monde.

En outre, je dois vous avouer mon aversion pour la nudité. Je trouve les corps humains, et le mien en particulier, tout à fait répugnants. Autant dire que vous ne me trouverez jamais à proximité d’une plage de nudiste. Mais attention, je n’ai rien contre eux ! Les nudistes font ce qu’ils veulent !

Fétichisme : « J’ai besoin de contrôler la situation »

Quand as-tu compris que tu avais une sexualité différente de la « norme » ?

Très tôt. Ce n’est pas nouveau ni exceptionnel, mais c’est à l’école que je me suis rendu compte des différences entre les gens, et surtout des différences entre moi et les autres. Avec les copains on avait tendance à parler de notre sexualité. J’ai pu remarquer sans trop me tromper que mes désirs étaient loin des leurs. Mais j’ai fait comme tout le monde : j’ai approuvé les avis des uns et j’ai dit ce qu’on voulait entendre. Je ne voulais pas sortir du lot. Et puis il y a eu ma première fois. Comme pour tout le monde, ce ne fut pas la panacée, mais ce fut, je pense, bien en dessous de la moyenne. J’ai dû faire abstraction de la nudité qui me répugnait et ce n’est qu’en visualisant dans mon esprit des images que je nommerais aujourd’hui de fétichistes, que j’ai réussi à feindre l’envie.

Comment s’exprime aujourd’hui ton fétichisme ?

Je travaille dans le théâtre et j’aime donc tout particulièrement la mise en scène, les jeux de lumière et les tenues qui sortent de l’ordinaire. L’expression de mon fétichisme est donc totalement théâtrale. Ce n’est d’ailleurs très certainement pas un hasard si ma compagne est comédienne. Chacun de nos rapports sexuels est préparé, orchestré à l’avance. Il n’y a jamais de surprise. De toute façon, je n’aime pas la surprise. J’ai besoin de contrôler la situation d’une façon ou d’une autre, sinon je perds pied.

Fétichisme : « Un jeu où tout le monde gagne à la fin »

Ta compagne est-elle parfaitement en accord avec votre sexualité ?

Ta question n’a pas de sens. Je ne connais pas beaucoup de personnes qui s’infligent quelque chose dont elles ne retirent aucun plaisir. Ma compagne, et mes précédentes compagnes, sont les seules personnes qui connaissent mon aversion pour la nudité et mon penchant pour le fétichisme de l’uniforme. Ma compagne actuelle perçoit la sexualité comme un jeu où tout le monde gagne à la fin.

Comment gères-tu ton fétichisme en société ?

J’assume pleinement ce regard porté par la société sur les comportements dits « anormaux », qu’ils soient sexuels ou d’autres natures. Mais cela ne signifie pas que je m’épancherais volontiers sur mes désirs et pratiques sexuels au cours d’un repas de famille. Je conserve une certaine pudeur quant à ma sexualité. C’est peut-être la même pudeur qui rend pour moi impossible tout rapport sexuel dans le plus simple appareil. Et puis comme je vous ai dit un peu plus tôt : le fétichiste doit être capable de cacher son vrai visage s’il ne veut pas finir moqué, voire vilipendé ou jugé sur la place publique.