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Interview d'une libertine : « Je profite à fond de ma vie de célibataire »

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Rencontrée au cours d’une sortie en club libertin, Sophia a accepté de répondre à nos questions. Nous l’avons retrouvée le week-end dernier dans un café du centre-ville nantais. Voici la transcription de notre entrevue.

Salut Sophia. Peux-tu te présenter brièvement pour les lecteurs et les lectrices de notre blog libertin ?

Je m’appelle Sophia, j’ai 31 ans et suis originaire de Serbie. Je suis arrivée en France à l’âge de 6 ans pour les raisons que vous pouvez vous imaginer. Mon pays était en guerre et nous avons fui. Même si cela n’a pas été facile tous les jours, j’en profite pour remercier la France et les français de nous avoir accueillis, moi et ma famille, avec tant de générosité.

Depuis la fin de ma formation en hôtelière, je travaille dans un hôtel de luxe. Sur le plan personnel, je suis célibataire et plutôt contente de l’être pour l’instant. Je profite à fond de ma vie de célibataire : je sors, je fais des rencontres, j’emmagasine de l’expérience. Je « kiffe », comme on dit.

interview libertine

Quelles sont les premiers mots qui te viennent à l’esprit quand tu entends le mot « libertinage » ?

Elle réfléchit quelques secondes. Liberté, égalité, sexualité, dit-elle dans un sourire. Plus sérieusement, je comprends le libertinage comme une expression libre du corps. Ce que je fais avec mon corps, cela me regarde. C’est d’ailleurs une des raisons qui me poussent à défendre la prostitution quand elle est pratiquée dans un cadre sain et protégé. Je me demande pourquoi la loi française a interdit les maisons closes qui constituaient un lieu sûr.

Interview d’une libertine : « Défier ses propres limites »

Pour revenir au sujet qui nous intéresse, je pense que le libertinage va bien au-delà de la sexualité. Même si pour certaines personnes, surtout les hommes, le libertinage rime uniquement avec sexualité, je pense que c’est un état d’esprit, une mentalité. C’est aussi un défi. C’est défier ses propres limites, se tester. C’est être surpris, agréablement surpris ou déçu, c’est écrire le livre de ses expériences.

Comment as-tu été initiée au libertinage ? As-tu rencontré des difficultés au sein du milieu et avec ton entourage ?

Mon métier m’amène à côtoyer le monde de la nuit et des gens plutôt fortunés qui connaissent des adresses que tout le monde ne connait pas forcément. Mes premières soirées libertines ont eu lieu en appartement. C’est par un client avec qui j’ai eu une aventure que j’ai eu le contact. De soirée en soirée, j’ai développé mon réseau. Me voilà maintenant parfaitement intégrée dans le milieu libertin. 

Penses-tu que les personnes qui ne pratiquent pas le libertinage passent à côté de la chose ?  

Je ne peux pas dire ça. Chacun a le droit de vivre sa sexualité comme il veut tant que ça ne gêne pas les autres. Comme dit la formule : la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. C’est ma philosophie. Jamais je ne reprocherai à quelqu’un de ne pas être et de ne pas faire comme moi. C’est la liberté.

Interview d’une libertine : « Mieux considérées dans le milieu libertin qu’en dehors »

Selon toi, comment sont perçues les femmes libertines dans le milieu libertin et en dehors du libertinage ?

Cela dépend des endroits et des gens, mais par expérience je pense que les femmes sont mieux considérées dans le milieu libertin qu’en dehors. J’en prends pour exemple la façon dont me traitent certains clients qui pensent que tout leur est permis parce qu’ils ont de l’argent ou parce qu’ils sont clients. Mais dans le milieu aussi on rencontre des hommes bizarres qui pensent que tout leur est dû parce qu’ils participent à une soirée libertine. Mais ça c’est surtout en club. Cela ne s’applique pas trop aux soirées privées qui sont bien plus filtrées que ne le sont les clubs. 

Y-a-t-il une différence dans la perception qu’ont les gens des libertins et des libertines ?

Je ne suis pas sûre d’avoir compris ta question. Est-ce que tu parles des gens qui sont en dehors du milieu ? En gros, la société ? 

C’est exact.

Tu sais, dans la société, un homme qui enchaine les conquêtes est un séducteur qui récolte plus de louanges que de critiques. Par contre, quand c’est une femme qui a des relations sexuelles fréquentes, c’est tout de suite une salope ou une fille facile. Il y a une grande injustice par rapport à la sexualité entre les hommes et les femmes. Mon avis est qu’il faut combattre ce genre d’injustices. C’est le seul moyen de faire avancer les choses. C’est pour cela que j’admire les actions militantes féministes. Et même si certaines actions paraissent violentes ou disproportionnées, elles ont le mérite de marquer les esprits et de faire en sorte que les gens parlent du sujet.

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